mercredi 7 mars 2007

Bill Viola – un messager

C'est durant l'été 1999 à San Francisco que j'ai découvert pour la première fois le travail de Bill Viola lors d'une exposition au SFMOMA. J'étais jeune et avais alors décroché un visa pour bosser six mois aux Etats-Unis. Quelques mois plus tard, j'ai revu la même exposition à Chicago. It was speechless !

Alors bien entendu, il était important pour moi de mettre la main sur celui qui a profondément marqué ma vision de l'art afin de réaliser une émission spéciale "Bill Viola" dans Paradise. J'ai alors contacté son studio il y a quelques mois et Bill Viola a lui-même signé le contrat de diffusion de trois de ses films, diffusés sur Pink tv !




































Bill Viola, né en 1951 à Flushing aux Etats-Unis, est l’un des premiers à explorer l’art vidéo dans les années 70. En trente ans, il est devenu l’artiste vidéaste le plus célèbre au monde, grâce notamment à ses installations multimédias monumentales comme « The Crossing ».

Il est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands plasticiens vidéastes de notre époque.

Bill Viola est toujours à la pointe des dernières technologies numériques mais c’est dans la peinture classique et surtout dans la Renaissance italienne qu’il trouve l’inspiration. Une grande partie de son œuvre se nourrit de son expérience personnelle et s’exprime d’une manière autobiographique. Mais Bill Viola est aussi un messager, les images qu’il crées ont une résonnance universelle et chacune des ses expositions déplacent et touchent les foules dans le monde entier. Pour lui, les révolutions technologiques, comme la vidéo, se transforment en révolutions politiques, sociales et artistiques. La caméra est un outil d’exploration du monde et de connaissance de soi.

C’est en 1972 que commence l’histoire d’amour entre Bill Viola et la vidéo après de brillantes études d’art à l’université de Syracuse de New-York. Il crée alors un grand nombre de films lyriques et d’installations qu’il définit comme autant de poèmes visuels. Vers le milieu des années 70, il voyage en Orient pour entamer une quête spirituelle. Au Japon il étudie le bouddhisme et rencontre le maître zen Daien Tanaka qui devient son guide spirituel.

En 1986, Bill Viola réalise “I do not know what it is I am like”



« Je ne sais pas qui je suis » nous livre l’artiste. Dans cette œuvre majeure, Bill Viola pose la question de la connaissance de soi. C’est en confrontant son image aux arbres, aux animaux, à la mer, à la terre, au vent au feu et aux autres hommes que l’homme apprend à se connaître. L’homme parvient à se définir, à être, grâce à la présence de choses qu’il n’est pas.

L’art transforme et l’art mène à la découverte de soi. Viola exprime en image son cheminement introspectif, méditatif et émotionnel. Son œuvre est une réflexion mystique sur les questions d’identités et les préoccupations spirituelles du monde moderne.

Grâce à des extrêmes ralentissements, des accélérations et des arrêts d’images, ses vidéos hypnotiques incitent le spectateur à passer lui-même à des niveaux de conscience supérieurs.Bill Viola fait souvent appel à des images symboles, des thèmes récurrents qui parlent à tout le monde : comme la vie, la mort, le sommeil, le rêve, l'eau, le feu ou le désert.


L’eau est en effet un élément clé dans l’œuvre de Bill Viola. Elle représente bien entendu la vie, la force et la purification ; mais outre la symbolique évidente, une autre explication plus anecdotique se profile. Celle peut-être d’un souvenir de noyade à laquelle Bill Viola échappe de justesse alors âgé de six ans. Il dépeint cet instant comme étant le plus beau et le plus paisible de toute sa vie. Découvrant émerveillé la magie des lumières sous-marines qui l’entouraient, il aurait aimé en poursuivre sa contemplation. Mais c’est alors qu’une main bienveillante l’arrache de l’eau et le ramène à la vie.

En 1991, Bill Viola assiste la même année à la mort de sa mère et à la naissance de son second fils. Ces deux événements soulèvent chez l’artiste des questions et des prises de conscience aigue sur le sens de la vie.


Traumatisé par cette douleur, Bill Viola filme, filme encore, filme son fils, sa mère sur son lit de mort, se film lui-même ; il rassemble ses vidéos de famille, puis s’exile dans la solitude du désert. Trois semaines plus tard, il revient avec le film « The Passing », le passage qu’il dédie à sa mère.

« The Passing » est non seulement considéré comme le chef-d’œuvre de Bill Viola, mais c’est aussi l’une des principales œuvres de l’art vidéo de ces dernières années. L’action se situe entre conscience et inconscient, entre rêve et réalité, la différence entre la vie et la mort n’étant plus qu’une illusion d’optique.



L’apport de Bill Viola à l’art contemporain est considérable. Depuis plus de 30 ans, il joue un rôle essentiel dans l’histoire de l’art vidéo.


Sa démarche, profondément empreinte de mysticisme et de spiritualité, nous interroge sur ce que nous possédons de plus intime : notre identité. Retrouvons ces films, diffusés dans leur intégralité, dans Paradise, chaque nuit, sur Pink tv.

« Le véritable lieu où l’œuvre existe ne se trouve pas sur l’écran ou à l’intérieur des murs mais dans l’esprit et le cœur de la personne qui l’a vue » Bill Viola

Super Paradise : « Bill Viola – un messager » -
Diffusion : lundi 12 mars 2007


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